Nous publions l’intégralité d’ Illats, une commune des Graves, ouvrage édité à compte d’auteur en 1987 par André Ducos 2


En 2006, l’association Information des Citoyens Illadais lançait son premier site internet. Jeanine Market-Ducos – qui nous a quittés cette année – en accord avec son père, André Ducos, nous avait donné l’autorisation de publier Illats, une commune des Graves « à condition de le faire gratuitement, sans objet commercial. » Dix ans ont passé. Nous avons décidé de publier le livre en neuf parties sur notre site internet. Un glossaire suivra d’ici quelque temps. Dès à présent, tout le monde peut le télécharger.

              Illats, une commune des Graves d’André Ducos est un objet culturel inclassable. Cet ouvrage n’est pas une monographie historique classique sur la commune d’Illats. C’est une œuvre très personnelle dans laquelle son auteur s’implique par une multitude de commentaires à la première personne. On pourrait dire qu’il s’agit d’une leçon de chose (on dirait aujourd’hui une leçon de vie) comme a pu en faire tout au long de sa carrière l’ancien instituteur André Ducos, directeur d’école honoraire.

             Ce dernier ne prétend pas à l’exhaustivité de l’historien et il n’hésite pas à le dire en préambule : « Cette simple monographie de ma commune ne veut ni ne peut être un ouvrage d’érudition, des documents historiques qui la concernent étant trop insuffisants. » Le rôle qu’André Ducos s’assigne est ailleurs : « Je veux faire revivre le long et patient labeur de nos ancêtres, rappeler les dures souffrances parfois traversées d’espoirs fous et de joies précaires, de ceux qui sont là, sous nos pieds, autour de la vieille église (là où était situé l’ancien cimetière jusqu’en 1874 NDLR) où dans l’humble cimetière. »

               L’histoire n’est pas pour lui une nostalgie mais un tremplin pour se propulser dans l’avenir. André Ducos montre l’évolution des mentalités sous l’effet de la modernité. La télévision et son offre de spectacles à domiciles sont pointées du doigt comme facteurs de la disparition progressive des manifestations de la vie collective dans le monde rural. L’impatience et le désir d’avoir tout et de suite, comportements inhérents à la société de consommation, irritent visiblement l’auteur. Mais, à aucun moment André Ducos ne prône un quelconque retour en arrière, « au bon vieux temps » comme disent certains. Bien au contraire. « Oui, je voudrais que chacun de nous sente combien sont indispensables cet enchaînement des générations, qu’il sache que la meilleure manière de remercier et d’honorer nos prédécesseurs, c’est de donner à nos enfants, par notre conduite et notre travail, les moyens d’une vie plus facile, plus belle, plus pleine et plus humaine. » On saisit mieux un aspect du livre qui n’était pas évident en 1987 quand il a été publié. André Ducos part du passé communal et régional pour essayer d’éclairer l’avenir. Il fait de nombreuses propositions pour redynamiser la sylviculture, faire renaître le gemmage ou l’élevage, sortir de la crise viticole et même faire en sorte que renaisse une chasse respectueuse de l’environnement.

             Autre élément qui suscite ou suscitera de nombreuses interrogations chez les lecteurs : la langue d’André Ducos. « Parfois, j’ai utilisé dans mon texte des mots patois, des expressions de cette langue si verte, si sonore, si expressive, si chargée de vieux souvenirs et pourtant si près de disparaître. » Dit-il dans son préambule. Il définit souvent en pédagogue les mots gascons qu’il emploie. Mais pas toujours… Sans doute parce que pour lui les significations d’une péguilleyre, d’un padouen ou d’un airial étaient des évidences. Ce qui n’est pas du tout le cas pour les Illadais de 2017 et rend donc difficile la compréhension du propos. Il en est de même avec une partie du vocabulaire puisée dans un français que l’on n’entend plus et qu’il use dans ses nombreuses descriptions. En fait, il faudrait faire un glossaire pour faciliter la lecture d’Illats, une commune des Graves. Nous nous attelons à ce travail qui sera publié ultérieurement en complément des différents chapitres de l’ouvrage que vous pouvez consulter sur notre site internet. Néanmoins, avant d’aller plus loin, nous définissons par nécessité les mots suivants :

  • Le terme de péguilleyre désigne en premier lieu les voies forestières qui facilitent la pénétration dans les landes des personnes ou des animaux. Il peut s’agir aussi de parcelles de pins. Ce terme vient de la contraction de deux mots : pègle (poix ou résine) et aleyres (allées) en gascon (1). Ces voies ou parcelles étaient des propriétés collectives appartenant à plusieurs propriétaires ou à la population des quartiers. Il existait par exemple une péguilleyre reliant Bouriet au Tauzin. Les baches de Béousse ou de Barouil sont les prés le long de la route de Podensac qui permettaient de paitre aux troupeaux des habitants de ces quartiers. Ils en étaient collectivement les propriétaires et en assuraient l’entretien.
  • Le terme de padouen (lieu devant la porte) s’applique à l’airial, terre en propriété collective, située au centre du quartier et sur laquelle les habitants se réunissaient à l’occasion des travaux ou des fêtes (2). Tous les quartiers d’Illats ont un airial. Ils sont matérialisés dans le cadastre. Chaque habitant a légalement son mot à dire quant à son utilisation.
  • Les listres (singulier : une liste) sont très souvent évoquées dans l’ouvrage. Il s’agit de l’ensemble des parcelles de forêt et de vigne situées entre Barrouil, le Caméou et le Sable.
  • (1) et (2) Extraits de l’ouvrage Si Landiras m’était conté… Balade au cœur d’un village d’Aquitaine. Une coédition Fragile Association Landiras et son histoire, 2012, P91.

 

          Les historiens universitaires pourront s’arracher les cheveux en lisant l’ouvrage d’André Ducos : il ne comporte pas de notes de bas de page et les sources d’archives ne sont pas indiquées précisément avec leurs précieuses cotes, facilitant de futures recherches. Il n’en demeure pas moins une mine incontournable et indispensable pour comprendre le passé d’Illats. Ceux qui voudront se lancer dans le défrichement de l’histoire communale encore méconnue, y trouveront de nombreuses clés. Les Illadais d’aujourd’hui y saisiront des explications de la vie locale actuelle.

         La plume d’André Ducos a eu l’immense mérite de figer sur le papier le souvenir de traditions oubliées : pratiques et fêtes souvent religieuses si importantes dans la vie quotidienne des familles. Elle nous a également empêché d’oublier les vieux lieux-dits : les usages changent et avec eux les désignations dans la mémoire collective. Le moto cross du Merle par exemple, ancienne carrière de l’entreprise Satanino exploitée dans les années 1960 et 1970, se situe en fait au lieu-dit des Assinats. André Ducos a su tirer du fond de notre histoire les vieux noms des familles qui ont marqué en leur temps la vie de la paroisse d’Illats. Notables oubliés mais ressuscités par l’écrit. Les Sargeac ont donné le premier maire d’Illats élu sous la révolution : André Sargeac, juge à Barsac. Mais cette lignée de juges, de marchands, de paysans riches, de médecins, qui a compté un capitaine au long cours, a joué un grand rôle pendant des siècles à Illats.

        Les noms de famille révèlent aussi ce qui fait la permanence d’une structure sociale et politique qui domine la population d’un lieu. Sous l’ancien régime, les habitants de la paroisse élisaient un syndic tous les deux ans dont la fonction était notamment de répartir les impôts et d’administrer la vie collective. Dès cette époque, les représentants des familles Ducau et Dubourg comptent dans leurs rangs de nombreux syndics. Et, lorsque le domaine de Cagès est vendu en bien national les 6 et 7 messidor de l’an II (24 et 25 juin 1794), c’est Pierre Ducau du Basque qui s’adjuge la très grande partie de la propriété. « Les Ducau de Cagès voient leur nom disparaître après le mariage de l’unique héritière, Marie Thérèse avec Jean Daniel Dubourg de Mouyon, le 20 avril 1899. Mais les Illadais prendront encore leur maire à Cagès avec Daniel Dubourg (1908 – 1929) et son petit-fils, Philippe Dubourg, l’actuel premier magistrat de la commune depuis 1977. »

       André Ducos, au fil de son écriture, nous explique comment la grande propriété s’est constituée dans notre commune. Il s’agit à l’origine de concessions féodales faites à un petit groupe de paysans. Ces derniers se sont accaparé également des communs, terres laissées par la noblesse à la communauté villageoise. La révolution favorise l’éclosion de la petite et de la moyenne propriété. La concentration des terres viticoles constatée dès les années 1970, provoque un mouvement inverse.

Bonne lecture à toutes et à tous !

 

1. Une commune des Graves – Illats

2. Une commune des Graves – Illats A. ASPECT PHYSIQUEpages 9-34

3. Une commune des Graves – Illats A. ASPECT PHYSIQUEpages 35-55

4. Une commune des Graves – Illats B. ASPECT ECONOMIQUE page 57-81

5.Une commune des Graves – Illats B. ASPECT ECONOMIQUE page 82-109 .pdf

6. Une commune des Graves – Illats B. ASPECT ECONOMIQUE pages 110-163

7. Une commune des Graves – Illats C. ASPECT SOCIAL ET CULTUREL pages 165-207

8. Une commune des Graves – Illats C. ASPECT SOCIAL ET CULTUREL pages 208-238

9. Une commune des Graves – Illats C. ASPECT SOCIAL ET CULTUREL pages 239-268


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